jeudi 2 juillet 2009

Jeudi 30 Avril : Fête de l’enseignement !
















Le défilé des enfants de l'école primaire au rythme des cuivres...


Les enfants de l’école maternelle en costume.



Justice, paix, travail... Tout un programme!

Attroupement de maîtresses ; pagnes aux couleurs de l’école…


A Basankusu, comme dans toutes les autres villes du Congo, le 30 Avril, c’est la fête de l’enseignement : toutes les écoles (toutes confessions confondues) défilent une à une en « costume » (uniforme), de la maternelle au lycée, encadrées par les enseignants, en chantant et en marchant (voire en dansant…) au rythme des cuivres de la fanfare… Et oui, il n’y a pas que des percussions en Afrique !Ce que je trouve intéressant dans ce défilé, c’est le principe de réunir tout le monde, sans distinction de moyens et de représentativité : si tous les autres jours de l’année, les Catholiques (majoritaires) se battent contre les Protestants ou les Musulmans, aujourd’hui, tous les coordinateurs sont assis côte à côte et assistent au même défilé, celui de la joie d’une profession…On m’expliquera cependant qu’en fait ici toutes les écoles sont gérées par les Catholiques (largement majoritaires) : oui même les écoles musulmanes sont gérées dans les faits par les Catholiques ! Ici ça ne choque personne… En RDC, l’Etat est organisateur et l’Eglise est gestionnaire ; ce n’est pas aussi nettement séparé que chez nous : l’Eglise catholique est omniprésente, quelque soit le niveau de décision, et localement l’Evêque a presque autant de pouvoir dans son Diocèse que le Président au niveau de l’Etat… Vous me suivez ??N’hésitez pas à me poser des questions si c’est pas clair !



Récit d’un accouchement 100% naturel en direct live… Inédit !!


Comme tous les matins, Mama Julie quitte sa maison pour chercher le repas quotidien de la famille, à la différence près que notre mama est enceinte jusqu’au cou : Mama Julie a 34 ans et attend son 5è enfant. Elle va donc à pied, son panier sur le dos, à 13 kms (plus de 3h de marche!) de là pour essayer de trouver un peu de poisson…Sur le chemin du retour, Mama Julie a des contractions et commence à perdre les eaux. Au lieu de s’arrêter à Bonkita, la paroisse la plus proche, pour accoucher, elle décide de continuer son chemin jusqu’à Basankusu, tout en priant le Seigneur pour qu’il ne lui arrive rien de grave (!!)… Dans sa tête, elle ne peut pas accoucher ailleurs que chez elle, entourée d’ « inconnus », et puis cela coûterait trop cher à son mari de la faire venir avec l’enfant jusqu’à leur domicile…Non décidément, il faut que Dieu l’aide à regagner sa maison… Dieu est grand et Mama Julie arrive finalement chez elle à la tombée de la nuit, son papier plein de vivres sur le dos, et l’accouchement bien commencé… A peine arrivée, Mama Julie s’allonge sur le sol boueux à peine recouvert d’une natte tressée, et avec l’aide de son mari (qui appuie sur son ventre : il commence à avoir de l’expérience, c’est le 3è enfant que sa femme met au monde dans ces conditions rudimentaires!!), poursuit la délivrance. En quelques heures, seuls, sous la pluie et dans l’obscurité presque totale d’une nuit africaine sans lune, Mama Julie et son mari parviennent à faire sortir un gros bébé (dans les 5kgs!)… sans césarienne ni épisiotomie ! Le bébé semble bien aller, il pleure bruyamment… Il est environ 23h… mais le placenta ne veut pas sortir. L’homme a beau appuyer, appuyer, appuyer sur le ventre de sa femme, le placenta est trop haut. Impuissant, il décide de faire appel à une voisine (après avoir demandé de l’aide à l’infirmier le plus proche, qui lui a répondu quelques heures auparavant de venir avec sa femme enceinte en vélo jusqu’à chez lui, s’il voulait de l’aide pour l’accouchement… Je vous laisse imaginer le tableau !!), pour évacuer le placenta. La femme à peine délivrée a l’idée de souffler dans un tuyau pour essayer de faire descendre le placenta, pendant que la voisine masse sans cesse son ventre, tout en implorant Dieu de leur venir en aide… Au bout de plusieurs dizaines de minutes, la fervente prière est exaucée, le placenta est finalement expulsé.Dans la culture africaine traditionnelle, il est important de recueillir le placenta : celui-ci est enterré dans la case avec tous ceux des précédents nouveaux-nés. C’est une façon de perpétuer le cycle éternel de la vie et de la mort, en rendant à la terre et aux ancêtres de la famille l’enveloppe qui a permis la gestation de l’embryon… Après ce petit détour, revenons à notre accouchement : il s’agit maintenant de couper le cordon ombilical, qui relie toujours (depuis plus de 2h !!) le bébé nu en pleurs et sa maman. Pour ce faire, Mama Julie demande à son mari d’aller chercher la « lame Gilette » cachée sous le matelas : « tu sais, celle que j’ai déjà utilisée, pour couper les cheveux de Félicité, puis les ongles de Gédéon? »!!! Entendant cela, la voisine propose d’aller jusqu’à chez elle pour chercher une lame propre, histoire d’éviter de futures infections !!… Le cordon est coupé, puis chacun rentre chez soi après une nuit intense en émotions…Et le lendemain, comme tous les jours, Mama Julie s’en va chercher de l’eau au puits, avant de préparer le « pondu » en pilant les feuilles de manioc… Ainsi va la vie…

Voilà, vous venez de vivre presqu’en direct l’accouchement nocturne, 100% naturel et quasi solitaire d’Israël, le 5è enfant de Mama Julie. Le bébé a maintenant 2 semaines et se porte à merveille, tout comme sa maman : pas de grave déchirure au niveau du col, seulement des bleus sur le ventre déjà disparus…Je ne sais pas si Dieu existe, mais dans ce genre de cas le doute est-il permis ??Vous pensez peut-être que l’aventure de Mama Julie est exceptionnelle ? Dites-vous bien que malheureusement beaucoup de femmes accouchent encore de cette manière ici : « à l’ancienne », à même le sol et souvent sans aucune assistance médicale, sauf qu’à la différence de Mama Julie, actuellement en conflit avec sa mère et tous ses frères et sœurs, la femme enceinte est généralement entourée d’autres femmes qui l’aident, la conseillent et la soutiennent, pendant toute la durée de la délivrance…

Depuis le départ de Médecins Sans Frontières, en 2005, la situation s’est nettement dégradée : de 70 FC avec une bonne prise en charge médicale de la mère et de l’enfant à l’hôpital, l’accouchement est passé à 15000 FC sans aucune garantie : rien que ces dernières semaines, j’ai entendu dire que 7 femmes ainsi que leur bébé étaient décédés, lors d’un accouchement par césarienne à l’Hôpital… Je vous laisse méditer sur cette merveilleuse aventure qu’est le fait de donner la vie, merveille toute relative pour de nombreuses femmes vivant sur cette planète en 2009… Leur foi les sauve bien souvent…


Le 1er Mai des Catholiques à Basankusu.


Procession des mamas catholiques (reconnaissables à leur foulard) à la messe.


Chaque semaine, les croyants se réunissent par secteurs géographiques, en communautés ecclésiales vivantes (CEV), pour prier et réfléchir sur leur vie quotidienne de chrétiens. Aujourd’hui « Fête du travail », ils sont nombreux à se retrouver à l’ombre des palmiers avec leur mokambi (animateur ou animatrice responsable de CEV) pour parler du travail : l’évolution de cette notion et de cette réalité est d’abord abordée sous l’angle de l’Ancien Testament, puis chacun est interpellé sur son attitude actuelle face au travail : l’oisiveté, particulièrement répandue ici, est condamnée…
Sous la forme d’une procession, les croyants se dirigent ensuite vers la Cathédrale en louant la Vierge Marie, pour assister à une messe spéciale célébrée par l’Evêque…
Pour ma part, je suis restée au calme à Mpoma : pour une fois que le groupe électrogène ne fonctionne pas, j’ai préféré profiter des bruits de la nature, plutôt que d’accompagner mes frères et sœurs congolais le long du chemin de croix… Découvrir la culture locale certes, mais pas dans n’importe quelles conditions ; je connais mes limites : ce genre de procession où l’on s’apitoie en lingala pendant 1heure sous le grand soleil ne m’amuse pas du tout !


Chemin de croix à Bolomba...



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