jeudi 2 juillet 2009

DERNIER ARTICLE!


Bonjour à tous!

Je vous écris du Finistère, où je suis rentrée depuis début Juin...
Les articles ci-dessous datent du mois de Mai...

ENTENDU A RFI...


« Miss Rondeurs 2009 »

1,70m, 120kgs, 140cm de tour de poitrine… Je vous rassure, ce ne sont pas mes nouvelles mensurations après 9 mois passés en RDC (!)… mais celles de « Miss Rondeurs 2009 » qui vient d’être élue au Mali…

«Pour trancher avec les habituels concours Miss sur des critères qui vendent surtout la minceur et la sveltesse de la femme, nous avons décidé d’initier pour la première fois à Bamako Miss Yayoroba ou Belebele. Il s’agit de l’élection de la plus belle femme aux formes plutôt généreuses avec beaucoup d’embonpoint. Par exemple l’un des critères de cette élection est qu’il faut peser au moins 90 kilos» nous a précisé l’organisatrice principale. Une façon pour elle d’aider ses sœurs «à jouir pleinement de cette générosité de la nature mais également à démontrer que la beauté africaine c’est aussi parfois cette masse».
«Nous voulons aussi aider les femmes à la forte corpulence à se défaire du complexe de leur poids et à abandonner la consommation des produits pharmaceutiques amincissants dont la consommation très souvent cause des dégâts aux conséquences irréversibles» ajoutera-t-elle.
Ce concours est ouvert à toutes les femmes âgées de 18 à 77 ans. Et il faut avoir un poids entre 90 et 130 kg.

L’heureuse élue est Fatoumata SOUMBOUNA, 23 ans, diplômée sans emploi…
Elle a reçu une enveloppe de 100 000 FCFA, plus 12 sacs de riz, 10 cartons Satan Lucia, et 2 cartons de café « Mon Trésor ». Elle bénéficiera également de 6 mois de voyage sur la compagnie de transport SOMATRA.
Enfin, l’ANPE financera son projet professionnel…

Je vous laisse apprécier …



Elle est pas belle notre miss aux formes généreuses ?!



Meurtres d’albinos en série…

Sans aucune transition, je voulais vous faire part d’un autre sujet qui a retenu mon attention, dans la rubrique « Actualité criminologique » : il s’agit des meurtres d’albinos, régulièrement perpétrés depuis plusieurs mois (de Septembre 2008 à Mars 2009), dans la région des grands lacs et en Tanzanie.

Voici le communiqué d’RFI du mardi 19 Mai :

« Des tueurs d’albinos traduits en justice »

« Ruyigi, à quelque 200 kms à l'est de la capitale Bujumbura (BURUNDI), accueille depuis ce mardi matin, le procès d'un groupe de personnes accusées d'avoir organisé une dizaine de meurtres rituels d'albinos. Ce groupe, composé de 11 personnes, se livrait également à un odieux trafic d'organes humains. Les accusés risquent la prison à vie. Dans le box des accusés, ce matin, et devant les juges du tribunal de grande instance de Ruyigi, comparaissent 11 personnes: 8 sont accusées d’assassinats multiples et de mutilations de corps d’albinos et 3 autres de tentatives d’assassinats toujours sur des albinos. Ces crimes sont passibles de la prison à vie puisqu’on vient d’abolir la peine de mort au Burundi. Le procureur qui a fait arrêter ces auteurs présumés d’une dizaine de meurtres et rituels pratiqués sur des albinos se dit « très confiant, j’ai tous les éléments de preuve, a-t-il assuré à RFI en estimant que, les efforts de son équipe lui ont permis de démanteler le réseau qui sévit dans le pays ou au moins 11 albinos ont été tués puis mutilés au cours des 7 derniers mois ». Selon la police, leurs membres étaient vendus à des sorciers de Tanzanie qui les utilisaient pour confectionner des gris-gris porte-bonheur. Tout le monde attend donc impatiemment ce procès en espérant trouver les réponses aux nombreuses questions que l’on se pose encore : est-ce-que tout le réseau a été démantelé ? Ou encore, qui sont les commanditaires du trafic ? »

Pendant les 8 heures qu’a duré la première journée d’audience du procès des assassins présumés d’une dizaine d’albinos au Burundi, le procureur a tenté de prouver l’implication à divers degrés des 11 prévenus.
La plupart des prévenus, de simples paysans incultes et maladroits parfois, ont été arrêtés dans la province de Ruyigi (province du Burundi frontalière de la Tanzanie). Faute de moyens, ils n’ont pu bénéficier des services d’un avocat et ont tous plaidé non coupables.
La question des commanditaires de ces assassinats d’albinos, du rôle joué par les sorciers tanzaniens, ou de l’utilisation faite des membres (bras, jambes) prélevés sur les victimes, n’a pas encore été abordée… mais on sait que les sorciers attribuent aux albinos des pouvoirs magiques et croient que leur sang ainsi que certaines parties de leur corps peuvent rendre riche ou attirer la chance… Ainsi, ils mutilent les corps de leurs victimes, leur coupent bras et jambes, pour confectionner des grigris porte-bonheur à l'attention des chercheurs d'or !!!
L’albinisme est une maladie génétique caractérisée par une absence de pigmentation de la peau, des poils, des cheveux et des yeux. Dans de nombreuses régions d'Afrique, les albinos sont victimes de discriminations...

En 2006, le chanteur et musicien malien Salif Keïta créée une fondation pour défendre la cause des albinos.


Albinos-Teaser.jpg


http://www.youtube.com/watch?v=mmyqXbC_PO0
Pour plus d'infos sur ce sujet, cf ce reportage de TF1 (Mars 2009) sur le massacre des albinos.


LE BONOBO, UN SINGE PAS COMME LES AUTRES !

Dans un précédent article sur la gestion des ressources naturelles, j’ai parlé de certaines associations qui s’intéressaient à la conservation des espèces animales menacées, dont les bonobos en RDC.
Présentes à Basankusu, j’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs membres de ces associations, dont Renaud, le Président français de l’Association Awely (www.awely.org), ainsi que Marielle et Marie-Laure, 2 belges de l’Association ABC (Amis des bonobos du Congo).

Ainsi, pour reconnaître un bonobo en forêt, imaginez un homme transformé en singe, c’est-à-dire nous ressemblant vraiment beaucoup (taille, corpulence…), mais avec une épaisse toison noire en plus !!
Autre caractéristique des bonobos : une manière originale de régler les conflits, en simulant l'acte sexuel. Un simple frottement peut suffire… et ils sont totalement échangistes et bisexuels : toutes les combinaisons sont permises (hommes/hommes, femmes/femmes, hommes/femmes) !

Et oui, parmi les singes, le bonobo est l’espèce la plus proche de l’homme… J’ai trouvé pour vous des photos qui le prouvent … frappant non ?!



Jeux de grimaces "bonoboesques". Mouvements de lèvres élastiques, froncements de sourcils, battements d'oreilles et de paupières, les singes sont passés maîtres dans l'art des grimaces. Le paradis des bonobos, à Kinshasa (cf www.lolayabonobo.org)


bonobos_chimpanzees

Une étrange ressemblance... Les bonobos partagent avec l'Homme près de 99% de ses gènes.


J’ai également appris que certaines régions de la RDC (dont l’Equateur, et plus particulièrement les alentours de Basankusu où je me trouve !) étaient les seuls endroits au monde où cette espèce vivait encore à l’état sauvage, dans les immenses forêts primaires (dont certaines inexplorées !) qui recouvrent ces régions : le bonobo, tout comme l'okapi (girafidé forestier) sont des espèces endémiques, qui ne vivent que dans les forêts humides de la RDC, mais ces espèces sont aujourd’hui menacées, décimées par des années de guerre et de braconnage intensif (trafic de la viande). Estimés à environ 10.000 aujourd'hui, les bonobos étaient 100.000 en 1980…
D’où l’existence d’associations qui se mobilisent pour sensibiliser les populations locales à la nécessité de préserver la biodiversité : celles-ci leur expliquant par exemple qu’un bonobo vivant (dans une perspective de les faire voir aux touristes, une fois constitués en réserve…) leur rapportera toujours plus qu’un bonobo mort (environ 50$ sur le marché)… mais quand on a faim chaque jour, et qu’on ne vit que dans l’instant, peut-on être réceptif à ces promesses qui visent le long terme ? Personnellement, je ne pense pas… même si c’est toujours bien d’éveiller la conscience des populations locales, qui souvent ne se rendent pas compte des conséquences que certaines de leurs habitudes peuvent avoir sur l’environnement…

« Au début, les gens croyaient qu’on s’intéressait aux singes à cause des diamants (c’est bien connu que la nourriture favorite des singes sont les diamants et non pas les cacahuètes !)… qu’on récupérait dans leurs selles !! » me confie Marie-Laure de l’Association ABC.
Je n’en crois pas mes oreilles !! Ah les Congolais et leurs préjugés sur les Blancs avides de richesses à exploiter !!!

Bon revenons à nos moutons… heu, à nos singes, je voulais dire !!

Les Français et les Belges (et beaucoup d’autres… qui travaillent dans le même domaine, mais sans se connaître… La forêt est si vaste !!) donc s’intéressent aux bonobos et cherchent à les préserver dans un espace réservé et délimité : dans la zone choisie, des espaces sont définis pour la conservation des animaux et d’autres pour les communautés forestières, qui peuvent en théorie continuer à jouir de la forêt, dans le cadre d'une "conservation communautaire participative". Dans les zones de conservation, il est "totalement interdit" d'introduire des espèces, de pratiquer la chasse, de se livrer à l'exploitation minière ou de toute activité susceptible d'altérer l'habitat des animaux et le caractère naturel de la réserve… Ca c’est la théorie…
Je serai curieuse d’en reparler avec eux dans quelques années pour connaître l’évolution du projet…


Mama Annaïg.




La question de la gestion des ressources naturelles: un enjeu majeur en RDC...

L'exemple de la forêt, 2ème poumon de la terre après la forêt amazonienne


La RDC est l’un des pays les plus pauvres de la planète, et ce malgré le formidable potentiel économique dont il est doté : la forêt, le diamant, l’or et le cuivre sont les principales ressources naturelles qui attirent la convoitise des pays voisins et des entreprises étrangères. Devant le silence et l’inefficacité du gouvernement congolais à lutter contre ces envahisseurs aux multiples visages, l’Eglise catholique s’implique depuis déjà plusieurs décennies pour aider la population locale à se prendre en charge et à s’organiser dans différents domaines « pour son développement intégral ». Le Diocèse de Basankusu comporte ainsi différents services et commissions spécialisés, chargés de la justice et de la paix, de la sécurité alimentaire, de la gestion des ressources naturelles…



Les espèces végétales bordant le fleuve sont innombrables... et abritent une faune riche, mais qui s'appauvrit lentement mais sûrement...












Le papayer, "l'arbre - pharmacie"



Quelques chiffres

Les forêts du bassin du fleuve Congo représentent le 2ème plus grand massif des forêts tropicales humides de la planète, après la forêt amazonienne, avec 172 millions d’hectares couverts !Les forêts de la RDC stockent à elles seules 8% du carbone terrestre : c’est le 4ème plus grand réservoir forestier de carbone au monde.Le commerce du bois : un des commerces les plus illégaux au monde, car très difficile à contrôler.La déforestation contribue pour une large part au réchauffement climatique (20%), bien plus que les gaz émis par les transports polluants…


Réactualiser le Code forestier (2002) pour une meilleure application sur le terrain.

http://whc.unesco.org/uploads/events/event-95-kanda.pdf

La Province de l’Equateur (en orange sur la carte), et la région de Basankusu en particulier, est un des 3 sites pilotes à avoir été choisi au niveau du pays pour servir de base de données à un vaste projet d’étude visant l’amendement du Code forestier actuellement en vigueur, à partir de données récentes provenant du terrain…En 14 mois, et grâce à l’appui d’une association anglaise, il s’agira ainsi d’établir « une cartographie participative » de l’exploitation des forêts du pays : les limites géographiques des forêts communautaires posent souvent problème sur le terrain et peuvent être à l’origine de conflits entre les différentes communautés locales qui sont sensées se partager leur exploitation.La question de l’exploitation industrielle et sauvage de grands espaces par des entreprises forestières étrangères sera aussi étudiée, celle-ci se faisant bien souvent au détriment des populations locales, qui se voient exclues de leurs terres ancestrales, sans compensation, se trouvant alors privées de leur principal moyen de subsistance. Le gouvernement, directement responsable de cette situation (en acceptant des grosses sommes d’argent contre des signatures qui permettent aux grandes sociétés d’exploiter la forêt comme elles le veulent, sans aucun respect des hommes qui y vivent et y travaillent, pour leur seul profit), devra s’engager à respecter davantage les lois existantes… qu’il a lui-même approuvées !


L’importance de la forêt pour les Congolais.

Dans la culture congolaise, il faut bien comprendre que la forêt est omniprésente, et que sans elle, les Congolais ne peuvent pas vivre.




Les enfants fabriquent de larges balais avec des feuilles de palmier.
Tantine porte un panier fait de lianes tressées à la main.
D’un point de vue pratique, elle est leur principale source de nourriture : ils consomment la viande des animaux sauvages qu’ils y chassent (antilopes, singes, porcs…), mais aussi les chenilles, les oiseaux, les insectes, les larves, les tortues… Ils y cultivent par ailleurs des légumineuses, de nombreuses variétés de légumes, et récupèrent le miel des abeilles, ainsi que les noix de palme, qui leur serviront à fabriquer l’huile de palme, la principale matière grasse de la cuisine congolaise. Les Congolais tirent encore des palmiers une boisson alcoolisée sucrée fréquemment consommée : le vin de palme (aussi appelé « rafia »)…
La forêt est par ailleurs source d’emplois, et fournit aux travailleurs des matériaux pour la construction de leur habitat (cf planches, pieux, chaumes, pailles, fibres, feuilles, lianes…), d’objets musicaux et artisanaux (sculpture, vannerie, forgerie, menuiserie…), ainsi que pour les moyens de transport et de communication (pirogues, tambours, gongs, cloches…).
Pour ceux qui se soignent naturellement, la forêt regorge de plantes médicinales.
En temps de guerre, elle devient un lieu de refuge et de protection, elle offre de la sécurité aux populations locales.
D’un point de vue écologique et climatique, elle participe à l’équilibre de l’écosystème, en préservant la biodiversité, et freine l’accélération des changements climatiques, pourtant bien réels (les saisons sèches et humides ne sont plus aussi marquées), en neutralisant les gaz à effets de serre, et en régulant les précipitations et la température…
Aux plans culturel et éducationnel enfin, elle est encore régulièrement utilisée comme lieu d’initiation, de recueillement et de méditation. Ainsi, quand certains enfants sont jugés sorciers (à cause de comportements inhabituels ou incompréhensibles pour la famille), leurs parents peuvent décider de les confier à un féticheur qui les emmènera par groupes dans la forêt pour un temps plus ou moins long, le temps nécessaire à leur désenvoûtement…


Un défi actuel : la conservation.

Pour toutes ces raisons, beaucoup de personnes sur le terrain reconnaissent la nécessité d’une conservation de la forêt, et sensibilisent les populations locales à une exploitation intelligente et respectueuse de cet environnement naturel. Mais les diverses associations présentes s’affrontent sans réussir à se mettre d’accord.
Les étrangers viennent pour protéger la forêt et certaines espèces animales qui y vivent : à Basankusu par exemple, on trouve l’association française « Awely » et ses casquettes vertes, et l’AWF (« African Wild Foundation ») ; toutes 2 s’intéressant à la population des bonobos, ces fameux singes connus pour leur sexualité débridée… pourtant considérés comme une espèce menacée… comme quoi la nature ne fait pas toujours bien les choses! Les locaux cherchent quant à eux à préserver leur forêt, la diversité de ses essences et de sa faune, mais aussi leur mode de vie…
Tous paraissent donc d’accord sur le principe de la conservation, mais qui faut-il privilégier : les hommes ou les animaux ??? De quel droit, nous étrangers, pouvons-nous décréter qu’il est plus important de réserver des espaces de forêt pour préserver les bonobos (pour ultérieurement les faire voir aux touristes… au sein d’enclos électrifiés !), alors même que les hommes qui y vivent ou qui en vivent depuis toujours tirent leur subsistance de cet espace qu’ils fréquentent quotidiennement ? Comment pouvons-nous les en chasser sans leur proposer la moindre alternative, par exemple en acceptant de financer la construction d’infrastructures utiles aux communautés locales (écoles, dispensaires…) ?

Le changement de regard : une nécessité !
Quand nous établissons des projets, ne vaut-il pas mieux partir de la base, des réalités du terrain, plutôt que d’appliquer des grands principes ou de mettre en œuvre des moyens inadaptés mais répondant à des objectifs prédéfinis (ou définis ailleurs) ?
Comment s’étonner après que les locaux réagissent, « sabotent » nos projets ou refusent de s’y investir : consultés de manière intéressée, nous les confinons trop souvent dans des rôles d’exécutants, nous leur offrons notre argent contre leur bonne volonté… Les heureux élus sont bien sûr très contents du salaire que nous leur proposons (il est 5 ou 10 fois supérieur à ce qu’ils peuvent gagner localement…), mais les décideurs locaux ne sont pas dupes, ils commencent à bien nous connaître (après des siècles de colonisation et de néo-colonialisme) !
Soyons vigilants, cessons de les considérer comme des subalternes (est-ce vraiment cela « travailler en partenariat » ?), et essayons de leur faire confiance : ils savent sûrement mieux que nous ce qui est bon pour eux !!!
A bon entendeur, salut!
Baisers ensoleillés de Basankusu...

Mama Annaïg
Jeudi 30 Avril : Fête de l’enseignement !
















Le défilé des enfants de l'école primaire au rythme des cuivres...


Les enfants de l’école maternelle en costume.



Justice, paix, travail... Tout un programme!

Attroupement de maîtresses ; pagnes aux couleurs de l’école…


A Basankusu, comme dans toutes les autres villes du Congo, le 30 Avril, c’est la fête de l’enseignement : toutes les écoles (toutes confessions confondues) défilent une à une en « costume » (uniforme), de la maternelle au lycée, encadrées par les enseignants, en chantant et en marchant (voire en dansant…) au rythme des cuivres de la fanfare… Et oui, il n’y a pas que des percussions en Afrique !Ce que je trouve intéressant dans ce défilé, c’est le principe de réunir tout le monde, sans distinction de moyens et de représentativité : si tous les autres jours de l’année, les Catholiques (majoritaires) se battent contre les Protestants ou les Musulmans, aujourd’hui, tous les coordinateurs sont assis côte à côte et assistent au même défilé, celui de la joie d’une profession…On m’expliquera cependant qu’en fait ici toutes les écoles sont gérées par les Catholiques (largement majoritaires) : oui même les écoles musulmanes sont gérées dans les faits par les Catholiques ! Ici ça ne choque personne… En RDC, l’Etat est organisateur et l’Eglise est gestionnaire ; ce n’est pas aussi nettement séparé que chez nous : l’Eglise catholique est omniprésente, quelque soit le niveau de décision, et localement l’Evêque a presque autant de pouvoir dans son Diocèse que le Président au niveau de l’Etat… Vous me suivez ??N’hésitez pas à me poser des questions si c’est pas clair !



Récit d’un accouchement 100% naturel en direct live… Inédit !!


Comme tous les matins, Mama Julie quitte sa maison pour chercher le repas quotidien de la famille, à la différence près que notre mama est enceinte jusqu’au cou : Mama Julie a 34 ans et attend son 5è enfant. Elle va donc à pied, son panier sur le dos, à 13 kms (plus de 3h de marche!) de là pour essayer de trouver un peu de poisson…Sur le chemin du retour, Mama Julie a des contractions et commence à perdre les eaux. Au lieu de s’arrêter à Bonkita, la paroisse la plus proche, pour accoucher, elle décide de continuer son chemin jusqu’à Basankusu, tout en priant le Seigneur pour qu’il ne lui arrive rien de grave (!!)… Dans sa tête, elle ne peut pas accoucher ailleurs que chez elle, entourée d’ « inconnus », et puis cela coûterait trop cher à son mari de la faire venir avec l’enfant jusqu’à leur domicile…Non décidément, il faut que Dieu l’aide à regagner sa maison… Dieu est grand et Mama Julie arrive finalement chez elle à la tombée de la nuit, son papier plein de vivres sur le dos, et l’accouchement bien commencé… A peine arrivée, Mama Julie s’allonge sur le sol boueux à peine recouvert d’une natte tressée, et avec l’aide de son mari (qui appuie sur son ventre : il commence à avoir de l’expérience, c’est le 3è enfant que sa femme met au monde dans ces conditions rudimentaires!!), poursuit la délivrance. En quelques heures, seuls, sous la pluie et dans l’obscurité presque totale d’une nuit africaine sans lune, Mama Julie et son mari parviennent à faire sortir un gros bébé (dans les 5kgs!)… sans césarienne ni épisiotomie ! Le bébé semble bien aller, il pleure bruyamment… Il est environ 23h… mais le placenta ne veut pas sortir. L’homme a beau appuyer, appuyer, appuyer sur le ventre de sa femme, le placenta est trop haut. Impuissant, il décide de faire appel à une voisine (après avoir demandé de l’aide à l’infirmier le plus proche, qui lui a répondu quelques heures auparavant de venir avec sa femme enceinte en vélo jusqu’à chez lui, s’il voulait de l’aide pour l’accouchement… Je vous laisse imaginer le tableau !!), pour évacuer le placenta. La femme à peine délivrée a l’idée de souffler dans un tuyau pour essayer de faire descendre le placenta, pendant que la voisine masse sans cesse son ventre, tout en implorant Dieu de leur venir en aide… Au bout de plusieurs dizaines de minutes, la fervente prière est exaucée, le placenta est finalement expulsé.Dans la culture africaine traditionnelle, il est important de recueillir le placenta : celui-ci est enterré dans la case avec tous ceux des précédents nouveaux-nés. C’est une façon de perpétuer le cycle éternel de la vie et de la mort, en rendant à la terre et aux ancêtres de la famille l’enveloppe qui a permis la gestation de l’embryon… Après ce petit détour, revenons à notre accouchement : il s’agit maintenant de couper le cordon ombilical, qui relie toujours (depuis plus de 2h !!) le bébé nu en pleurs et sa maman. Pour ce faire, Mama Julie demande à son mari d’aller chercher la « lame Gilette » cachée sous le matelas : « tu sais, celle que j’ai déjà utilisée, pour couper les cheveux de Félicité, puis les ongles de Gédéon? »!!! Entendant cela, la voisine propose d’aller jusqu’à chez elle pour chercher une lame propre, histoire d’éviter de futures infections !!… Le cordon est coupé, puis chacun rentre chez soi après une nuit intense en émotions…Et le lendemain, comme tous les jours, Mama Julie s’en va chercher de l’eau au puits, avant de préparer le « pondu » en pilant les feuilles de manioc… Ainsi va la vie…

Voilà, vous venez de vivre presqu’en direct l’accouchement nocturne, 100% naturel et quasi solitaire d’Israël, le 5è enfant de Mama Julie. Le bébé a maintenant 2 semaines et se porte à merveille, tout comme sa maman : pas de grave déchirure au niveau du col, seulement des bleus sur le ventre déjà disparus…Je ne sais pas si Dieu existe, mais dans ce genre de cas le doute est-il permis ??Vous pensez peut-être que l’aventure de Mama Julie est exceptionnelle ? Dites-vous bien que malheureusement beaucoup de femmes accouchent encore de cette manière ici : « à l’ancienne », à même le sol et souvent sans aucune assistance médicale, sauf qu’à la différence de Mama Julie, actuellement en conflit avec sa mère et tous ses frères et sœurs, la femme enceinte est généralement entourée d’autres femmes qui l’aident, la conseillent et la soutiennent, pendant toute la durée de la délivrance…

Depuis le départ de Médecins Sans Frontières, en 2005, la situation s’est nettement dégradée : de 70 FC avec une bonne prise en charge médicale de la mère et de l’enfant à l’hôpital, l’accouchement est passé à 15000 FC sans aucune garantie : rien que ces dernières semaines, j’ai entendu dire que 7 femmes ainsi que leur bébé étaient décédés, lors d’un accouchement par césarienne à l’Hôpital… Je vous laisse méditer sur cette merveilleuse aventure qu’est le fait de donner la vie, merveille toute relative pour de nombreuses femmes vivant sur cette planète en 2009… Leur foi les sauve bien souvent…


Le 1er Mai des Catholiques à Basankusu.


Procession des mamas catholiques (reconnaissables à leur foulard) à la messe.


Chaque semaine, les croyants se réunissent par secteurs géographiques, en communautés ecclésiales vivantes (CEV), pour prier et réfléchir sur leur vie quotidienne de chrétiens. Aujourd’hui « Fête du travail », ils sont nombreux à se retrouver à l’ombre des palmiers avec leur mokambi (animateur ou animatrice responsable de CEV) pour parler du travail : l’évolution de cette notion et de cette réalité est d’abord abordée sous l’angle de l’Ancien Testament, puis chacun est interpellé sur son attitude actuelle face au travail : l’oisiveté, particulièrement répandue ici, est condamnée…
Sous la forme d’une procession, les croyants se dirigent ensuite vers la Cathédrale en louant la Vierge Marie, pour assister à une messe spéciale célébrée par l’Evêque…
Pour ma part, je suis restée au calme à Mpoma : pour une fois que le groupe électrogène ne fonctionne pas, j’ai préféré profiter des bruits de la nature, plutôt que d’accompagner mes frères et sœurs congolais le long du chemin de croix… Découvrir la culture locale certes, mais pas dans n’importe quelles conditions ; je connais mes limites : ce genre de procession où l’on s’apitoie en lingala pendant 1heure sous le grand soleil ne m’amuse pas du tout !


Chemin de croix à Bolomba...