vendredi 28 août 2009
MERCI !
LA FIN D'UNE BELLE AVENTURE !
jeudi 2 juillet 2009
DERNIER ARTICLE!
« Miss Rondeurs 2009 »
1,70m, 120kgs, 140cm de tour de poitrine… Je vous rassure, ce ne sont pas mes nouvelles mensurations après 9 mois passés en RDC (!)… mais celles de « Miss Rondeurs 2009 » qui vient d’être élue au Mali…
«Pour trancher avec les habituels concours Miss sur des critères qui vendent surtout la minceur et la sveltesse de la femme, nous avons décidé d’initier pour la première fois à Bamako Miss Yayoroba ou Belebele. Il s’agit de l’élection de la plus belle femme aux formes plutôt généreuses avec beaucoup d’embonpoint. Par exemple l’un des critères de cette élection est qu’il faut peser au moins 90 kilos» nous a précisé l’organisatrice principale. Une façon pour elle d’aider ses sœurs «à jouir pleinement de cette générosité de la nature mais également à démontrer que la beauté africaine c’est aussi parfois cette masse».
«Nous voulons aussi aider les femmes à la forte corpulence à se défaire du complexe de leur poids et à abandonner la consommation des produits pharmaceutiques amincissants dont la consommation très souvent cause des dégâts aux conséquences irréversibles» ajoutera-t-elle.
Ce concours est ouvert à toutes les femmes âgées de 18 à 77 ans. Et il faut avoir un poids entre 90 et 130 kg.
L’heureuse élue est Fatoumata SOUMBOUNA, 23 ans, diplômée sans emploi…
Elle a reçu une enveloppe de 100 000 FCFA, plus 12 sacs de riz, 10 cartons Satan Lucia, et 2 cartons de café « Mon Trésor ». Elle bénéficiera également de 6 mois de voyage sur la compagnie de transport SOMATRA.
Enfin, l’ANPE financera son projet professionnel…
Meurtres d’albinos en série…
Sans aucune transition, je voulais vous faire part d’un autre sujet qui a retenu mon attention, dans la rubrique « Actualité criminologique » : il s’agit des meurtres d’albinos, régulièrement perpétrés depuis plusieurs mois (de Septembre 2008 à Mars 2009), dans la région des grands lacs et en Tanzanie.
Voici le communiqué d’RFI du mardi 19 Mai :
« Des tueurs d’albinos traduits en justice »
Pendant les 8 heures qu’a duré la première journée d’audience du procès des assassins présumés d’une dizaine d’albinos au Burundi, le procureur a tenté de prouver l’implication à divers degrés des 11 prévenus.
La plupart des prévenus, de simples paysans incultes et maladroits parfois, ont été arrêtés dans la province de Ruyigi (province du Burundi frontalière de la Tanzanie). Faute de moyens, ils n’ont pu bénéficier des services d’un avocat et ont tous plaidé non coupables.
La question des commanditaires de ces assassinats d’albinos, du rôle joué par les sorciers tanzaniens, ou de l’utilisation faite des membres (bras, jambes) prélevés sur les victimes, n’a pas encore été abordée… mais on sait que les sorciers attribuent aux albinos des pouvoirs magiques et croient que leur sang ainsi que certaines parties de leur corps peuvent rendre riche ou attirer la chance… Ainsi, ils mutilent les corps de leurs victimes, leur coupent bras et jambes, pour confectionner des grigris porte-bonheur à l'attention des chercheurs d'or !!!
L’albinisme est une maladie génétique caractérisée par une absence de pigmentation de la peau, des poils, des cheveux et des yeux. Dans de nombreuses régions d'Afrique, les albinos sont victimes de discriminations...
En 2006, le chanteur et musicien malien Salif Keïta créée une fondation pour défendre la cause des albinos.
LE BONOBO, UN SINGE PAS COMME LES AUTRES !
Dans un précédent article sur la gestion des ressources naturelles, j’ai parlé de certaines associations qui s’intéressaient à la conservation des espèces animales menacées, dont les bonobos en RDC.
Présentes à Basankusu, j’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs membres de ces associations, dont Renaud, le Président français de l’Association Awely (www.awely.org), ainsi que Marielle et Marie-Laure, 2 belges de l’Association ABC (Amis des bonobos du Congo).
Ainsi, pour reconnaître un bonobo en forêt, imaginez un homme transformé en singe, c’est-à-dire nous ressemblant vraiment beaucoup (taille, corpulence…), mais avec une épaisse toison noire en plus !!
Autre caractéristique des bonobos : une manière originale de régler les conflits, en simulant l'acte sexuel. Un simple frottement peut suffire… et ils sont totalement échangistes et bisexuels : toutes les combinaisons sont permises (hommes/hommes, femmes/femmes, hommes/femmes) !
Une étrange ressemblance... Les bonobos partagent avec l'Homme près de 99% de ses gènes.
J’ai également appris que certaines régions de la RDC (dont l’Equateur, et plus particulièrement les alentours de Basankusu où je me trouve !) étaient les seuls endroits au monde où cette espèce vivait encore à l’état sauvage, dans les immenses forêts primaires (dont certaines inexplorées !) qui recouvrent ces régions : le bonobo, tout comme l'okapi (girafidé forestier) sont des espèces endémiques, qui ne vivent que dans les forêts humides de la RDC, mais ces espèces sont aujourd’hui menacées, décimées par des années de guerre et de braconnage intensif (trafic de la viande). Estimés à environ 10.000 aujourd'hui, les bonobos étaient 100.000 en 1980…
D’où l’existence d’associations qui se mobilisent pour sensibiliser les populations locales à la nécessité de préserver la biodiversité : celles-ci leur expliquant par exemple qu’un bonobo vivant (dans une perspective de les faire voir aux touristes, une fois constitués en réserve…) leur rapportera toujours plus qu’un bonobo mort (environ 50$ sur le marché)… mais quand on a faim chaque jour, et qu’on ne vit que dans l’instant, peut-on être réceptif à ces promesses qui visent le long terme ? Personnellement, je ne pense pas… même si c’est toujours bien d’éveiller la conscience des populations locales, qui souvent ne se rendent pas compte des conséquences que certaines de leurs habitudes peuvent avoir sur l’environnement…
« Au début, les gens croyaient qu’on s’intéressait aux singes à cause des diamants (c’est bien connu que la nourriture favorite des singes sont les diamants et non pas les cacahuètes !)… qu’on récupérait dans leurs selles !! » me confie Marie-Laure de l’Association ABC.
Je n’en crois pas mes oreilles !! Ah les Congolais et leurs préjugés sur les Blancs avides de richesses à exploiter !!!
Bon revenons à nos moutons… heu, à nos singes, je voulais dire !!
Les Français et les Belges (et beaucoup d’autres… qui travaillent dans le même domaine, mais sans se connaître… La forêt est si vaste !!) donc s’intéressent aux bonobos et cherchent à les préserver dans un espace réservé et délimité : dans la zone choisie, des espaces sont définis pour la conservation des animaux et d’autres pour les communautés forestières, qui peuvent en théorie continuer à jouir de la forêt, dans le cadre d'une "conservation communautaire participative". Dans les zones de conservation, il est "totalement interdit" d'introduire des espèces, de pratiquer la chasse, de se livrer à l'exploitation minière ou de toute activité susceptible d'altérer l'habitat des animaux et le caractère naturel de la réserve… Ca c’est la théorie…
La question de la gestion des ressources naturelles: un enjeu majeur en RDC...
La RDC est l’un des pays les plus pauvres de la planète, et ce malgré le formidable potentiel économique dont il est doté : la forêt, le diamant, l’or et le cuivre sont les principales ressources naturelles qui attirent la convoitise des pays voisins et des entreprises étrangères. Devant le silence et l’inefficacité du gouvernement congolais à lutter contre ces envahisseurs aux multiples visages, l’Eglise catholique s’implique depuis déjà plusieurs décennies pour aider la population locale à se prendre en charge et à s’organiser dans différents domaines « pour son développement intégral ». Le Diocèse de Basankusu comporte ainsi différents services et commissions spécialisés, chargés de la justice et de la paix, de la sécurité alimentaire, de la gestion des ressources naturelles…
Réactualiser le Code forestier (2002) pour une meilleure application sur le terrain.
La Province de l’Equateur (en orange sur la carte), et la région de Basankusu en particulier, est un des 3 sites pilotes à avoir été choisi au niveau du pays pour servir de base de données à un vaste projet d’étude visant l’amendement du Code forestier actuellement en vigueur, à partir de données récentes provenant du terrain…En 14 mois, et grâce à l’appui d’une association anglaise, il s’agira ainsi d’établir « une cartographie participative » de l’exploitation des forêts du pays : les limites géographiques des forêts communautaires posent souvent problème sur le terrain et peuvent être à l’origine de conflits entre les différentes communautés locales qui sont sensées se partager leur exploitation.La question de l’exploitation industrielle et sauvage de grands espaces par des entreprises forestières étrangères sera aussi étudiée, celle-ci se faisant bien souvent au détriment des populations locales, qui se voient exclues de leurs terres ancestrales, sans compensation, se trouvant alors privées de leur principal moyen de subsistance. Le gouvernement, directement responsable de cette situation (en acceptant des grosses sommes d’argent contre des signatures qui permettent aux grandes sociétés d’exploiter la forêt comme elles le veulent, sans aucun respect des hommes qui y vivent et y travaillent, pour leur seul profit), devra s’engager à respecter davantage les lois existantes… qu’il a lui-même approuvées !
La forêt est par ailleurs source d’emplois, et fournit aux travailleurs des matériaux pour la construction de leur habitat (cf planches, pieux, chaumes, pailles, fibres, feuilles, lianes…), d’objets musicaux et artisanaux (sculpture, vannerie, forgerie, menuiserie…), ainsi que pour les moyens de transport et de communication (pirogues, tambours, gongs, cloches…).
Pour ceux qui se soignent naturellement, la forêt regorge de plantes médicinales.
En temps de guerre, elle devient un lieu de refuge et de protection, elle offre de la sécurité aux populations locales.
D’un point de vue écologique et climatique, elle participe à l’équilibre de l’écosystème, en préservant la biodiversité, et freine l’accélération des changements climatiques, pourtant bien réels (les saisons sèches et humides ne sont plus aussi marquées), en neutralisant les gaz à effets de serre, et en régulant les précipitations et la température…
Aux plans culturel et éducationnel enfin, elle est encore régulièrement utilisée comme lieu d’initiation, de recueillement et de méditation. Ainsi, quand certains enfants sont jugés sorciers (à cause de comportements inhabituels ou incompréhensibles pour la famille), leurs parents peuvent décider de les confier à un féticheur qui les emmènera par groupes dans la forêt pour un temps plus ou moins long, le temps nécessaire à leur désenvoûtement…
Un défi actuel : la conservation.
Pour toutes ces raisons, beaucoup de personnes sur le terrain reconnaissent la nécessité d’une conservation de la forêt, et sensibilisent les populations locales à une exploitation intelligente et respectueuse de cet environnement naturel. Mais les diverses associations présentes s’affrontent sans réussir à se mettre d’accord.
Les étrangers viennent pour protéger la forêt et certaines espèces animales qui y vivent : à Basankusu par exemple, on trouve l’association française « Awely » et ses casquettes vertes, et l’AWF (« African Wild Foundation ») ; toutes 2 s’intéressant à la population des bonobos, ces fameux singes connus pour leur sexualité débridée… pourtant considérés comme une espèce menacée… comme quoi la nature ne fait pas toujours bien les choses! Les locaux cherchent quant à eux à préserver leur forêt, la diversité de ses essences et de sa faune, mais aussi leur mode de vie…
Tous paraissent donc d’accord sur le principe de la conservation, mais qui faut-il privilégier : les hommes ou les animaux ??? De quel droit, nous étrangers, pouvons-nous décréter qu’il est plus important de réserver des espaces de forêt pour préserver les bonobos (pour ultérieurement les faire voir aux touristes… au sein d’enclos électrifiés !), alors même que les hommes qui y vivent ou qui en vivent depuis toujours tirent leur subsistance de cet espace qu’ils fréquentent quotidiennement ? Comment pouvons-nous les en chasser sans leur proposer la moindre alternative, par exemple en acceptant de financer la construction d’infrastructures utiles aux communautés locales (écoles, dispensaires…) ?
Soyons vigilants, cessons de les considérer comme des subalternes (est-ce vraiment cela « travailler en partenariat » ?), et essayons de leur faire confiance : ils savent sûrement mieux que nous ce qui est bon pour eux !!!
Justice, paix, travail... Tout un programme!
Attroupement de maîtresses ; pagnes aux couleurs de l’école…
Récit d’un accouchement 100% naturel en direct live… Inédit !!
Voilà, vous venez de vivre presqu’en direct l’accouchement nocturne, 100% naturel et quasi solitaire d’Israël, le 5è enfant de Mama Julie. Le bébé a maintenant 2 semaines et se porte à merveille, tout comme sa maman : pas de grave déchirure au niveau du col, seulement des bleus sur le ventre déjà disparus…Je ne sais pas si Dieu existe, mais dans ce genre de cas le doute est-il permis ??Vous pensez peut-être que l’aventure de Mama Julie est exceptionnelle ? Dites-vous bien que malheureusement beaucoup de femmes accouchent encore de cette manière ici : « à l’ancienne », à même le sol et souvent sans aucune assistance médicale, sauf qu’à la différence de Mama Julie, actuellement en conflit avec sa mère et tous ses frères et sœurs, la femme enceinte est généralement entourée d’autres femmes qui l’aident, la conseillent et la soutiennent, pendant toute la durée de la délivrance…
Depuis le départ de Médecins Sans Frontières, en 2005, la situation s’est nettement dégradée : de 70 FC avec une bonne prise en charge médicale de la mère et de l’enfant à l’hôpital, l’accouchement est passé à 15000 FC sans aucune garantie : rien que ces dernières semaines, j’ai entendu dire que 7 femmes ainsi que leur bébé étaient décédés, lors d’un accouchement par césarienne à l’Hôpital… Je vous laisse méditer sur cette merveilleuse aventure qu’est le fait de donner la vie, merveille toute relative pour de nombreuses femmes vivant sur cette planète en 2009… Leur foi les sauve bien souvent…
Le 1er Mai des Catholiques à Basankusu.
Procession des mamas catholiques (reconnaissables à leur foulard) à la messe.
Chemin de croix à Bolomba...
dimanche 19 avril 2009
Dans une salle de classe, un jeudi matin, des élèves (4) refusent de chanter l’hymne national « Debout Congolais ». Le Préfet (Directeur), mécontent, punit tous les élèves… en les privant de cours ! Tous rentrent chez eux, plus ou moins satisfaits.
L'hymne national de la RDC a été écrit par le Révérend Père Simon-Pierre Boka, composé par Joseph Lutumba et adopté l'année de l'indépendance du pays en 1960. Cet hymne a été remplacé par « La Zaïroise », également écrite par Boka, en 1971 sous Mobutu. Depuis la prise de pouvoir de Laurent-Désiré Kabila en 1997, « Debout congolais » est redevenu l'hymne national…
« Debout Congolais,
Unis par le sort
MUNDELE
Je viens de découvrir seulement aujourd’hui l’origine du mot lingala « mundélé », qui désigne les Blancs : mundélé vient de « modèle », déformé par les locaux. Modèle pour « modèle de civilisation »
LA FEMME‑PONDEUSE…
« Pour rester féconde, une femme doit avoir au moins 1 enfant tous les 2‑3 ans (maximum) », m’explique un papa qui observe scrupuleusement cette règle. Pour lui, c’est ce qui explique la différence de fertilité entre les femmes européennes et africaines…
Dans la plupart des familles, cette règle est plus que respectée : ici, les enfants n’ont en général qu’un an de différence avec leurs frères et sœurs.
A bon entendeuse, salut…
Certains ou certaines ont‑ils des chiffres « sérieux » prouvant ce lien entre fertilité et production abondante d’enfants ??
12€ POUR AVOIR LE DROIT DE PASSER L’EPREUVE DE LA DISSERTATION
Le droit de passer la dissertation, épreuve obligatoire de l’équivalent local du Bac, coûte ici à chaque élève 10800 Francs Congolais, soit environ 12€, c’est‑à‑dire presque l’équivalent d’un mois de salaire pour certains travailleurs… Cet argent est remis au Préfet de chaque établissement qui, soit garde tout pour lui, soit en donne une partie aux examinateurs, ainsi qu’aux professeurs volontaires pour le laboratoire (tricherie organisée consistant pour le professeur corrompu à rédiger la copie des élèves).
Dommage pour le fonctionnement de nombreux établissements, qui manquent de tableaux dignes de ce nom, de tables, de chaises ou bancs corrects, de supports pédagogiques adaptés…
Un tableau en piteux état! Un banc sur lequel peuvent se serrer 6 élèves !
PAPA DENIS… RAPPEL
C’est ma sentinelle rapprochée, celle qui est censée me garder la nuit quand je dors. Il renouvelle sa demande de correspondre avec une Française intéressée par « les échanges interculturels », et m’a demandé de joindre sa photo, pour faciliter le contact… Je vous laisse apprécier sa bonhomie naturelle !
Mesdames et mesdemoiselles intéressées, n’hésitez pas à me faire signe…
Vous connaissiez « Une souris verte qui courrait dans l’herbe…», et bien voici une chenille verte qui se tortillait sur la table!
dimanche 29 mars 2009
ETRE DIACRE…
PORTER LE PAGNE…
Que de regards braqués sur moi (quasiment que des hommes comme vous pouvez l’imaginer !). J’étais très intimidée… Je ne pensais pas que le terrain serait aussi grand et qu’il y aurait autant de monde, mais comme je suivais l’enfant, je ne pouvais plus faire demi-tour ! Grand moment de solitude : je ne me suis jamais sentie aussi blanche et aussi femelle… Je ne veux même pas savoir ce qu’ils ont pu penser…
Le pire c’est que je risque d’y retourner, mais accompagnée par un ami cette fois-ci… Je finirai bien par faire partie du décor !
En tous cas maintenant quand je croise des gamins, ils veulent tous me serrer la main… C’est comme si j’avais franchi un nouveau cap !
PANCARTE EDUCATIVE…
PAïENNE !
Je ne vais presque jamais à la messe, qui a lieu chaque matin, (moi j’essaie d’y aller tous les Dimanches, c’est déjà un bel effort !), donc je ne prie pas assez Dieu, donc je suis païenne ! Voilà ce que certains voient dans ma manière discrète de vivre mes croyances.
Quand je leur dis : « Mais vous savez, moi je ne suis pas obligée d’aller à la messe pour prier ! » Ils ne comprennent pas, car comme je le disais plus haut : il faut toujours montrer, se montrer…
Je ne perds plus mon temps à me justifier, je réagis seulement sur le moment quand on me réprimande (en leur rappelant que je suis adulte, responsable et vaccinée, et que je sais ce que j’ai à faire !), je souris (très important le sourire !) et je m’en vais… Je me suis fait une raison, et je pense sincèrement que peu d’entre eux sont capables de se détacher de leur culture pour comprendre mon point de vue d’occidentale : comment leur expliquer que je ne me retrouve « tout simplement » pas dans le discours (très moralisateur et culpabilisateur) et les orientations actuelles de l’Eglise (à mon sens davantage portée sur le passé que sur l’avenir, et obnubilée par l’importance des divers rites et sacrements), mais que ça ne m’empêche pas d’adopter une attitude chrétienne au quotidien ?
Bien que non acceptée dans ma différence, je me sens intégrée ! Mon but de toute façon n’est pas de devenir congolaise (y’aurait trop de travail !), mais plutôt d’essayer de comprendre un peu comment ils fonctionnent…
LE TRAVAIL AU CENTRE
Vous devez parfois vous dire en me lisant : « elle parle beaucoup de sa relation avec les gens, mais c’est quoi en fait son boulot là-bas ??? »
J’en parle peu, c’est vrai, car le plus gros de mon travail est d’ordre relationnel : il s’agit essentiellement de ménager les susceptibilités de chacun (hiérarchie, partenaires, travailleurs, bénéficiaires…), et de gérer les demandes intempestives ou les multiples tentatives de rénégociation d’affaires déjà entendues.
J’ai aussi une partie administrative de rédaction de courriers, de demandes de budgets, et de bilans financiers.
Et enfin, un rôle de représentation du Centre Culturel Diocésain dans un certain nombre de manifestations locales, en tant que « mundélé » et que « Directrice gestionnaire », comme certains aiment à me rappeler. Ce côté « public relation » n’est pas toujours évident à gérer, car peu habituée aux courbettes et aux chichis, je me sens parfois mal à l’aise ; j’essaie cependant de rester moi-même ! Et surtout, j’ai la constante impression de manquer de temps pour moi, même chez moi, je suis toujours dérangée… pas facile de souffler !!
L’autre raison pour laquelle je n’évoque pas souvent les activités du Centre, pourtant diverses et variées, est que celles-ci touchent assez peu de gens dans la réalité, comparé aux nombre d’habitants de Basankusu et du Diocèse !
Et puis malgré des activités établies (par exemple, accès gratuit à la bibliothèque d’Etsiko chaque mercredi après-midi), la fréquentation est très faible et chaque semaine est différente, car je ne vois presque jamais les mêmes personnes : ici c’est particulièrement difficile d’engager un travail dans la durée ; je m’y suis habituée et je m’adapte !
Le constat est le même pour les cours de Français (pourtant quasiment personnalisés !)et d’Anglais.
Concernant mes interventions dans plusieurs écoles de la ville, j’attends toujours le feu vert de mon chef, qui a toujours « beaucoup de chats à fouetter », et qui m’a laissé entendre que ça ne serait sans doute pas pour cette année scolaire, celle-ci prenant fin en Juillet (c’est-à-dire dans 4 mois quand même !). C’est pas grave, ça nous laissera plus de temps pour faire autre chose.
Au programme des prochains mois donc, une série d’animations pour l’ensemble de la population, avec :
-une conférence sur un sujet d’actualité (au hasard : « la crise financière mondiale et ses conséquences »), proposée par Papa Antoine, un monsieur engagé travaillant pour un projet de sécurité alimentaire à Basankusu, projet financé par Caritas Belgique…
-un jeu radio culturel, les 15 derniers jours d’Avril, qui opposera des jeunes inscrits dans différents collèges et lycées de la ville
-la remise des diplômes pour les étudiants du 4è niveau en Anglais…
Et aussi bien sûr, la poursuite des travaux d’autosubsistance, avec l’entretien du champ d’ananas (500 pieds plantés, mais encore peu de fruits mûrs…) et la culture des « kundé » (flageolets locaux) tout près du Centre, ainsi que la réalisation de divers supports pédagogiques pour les écoles ( cartes de géographie, schémas de science, récapitulatifs de certains points de grammaire française…)
LA VISITE ANNONCEE DU PRESIDENT KABILA
Courant Avril, Basankusu se prépare par ailleurs à recevoir le Président actuel de la RDC, Joseph Kabila, qui se déplacera pour la première fois dans le fief de son opposant politique Jean-Pierre Bemba ( actuellement inquiété par la Cour Pénale Internationale pour des crimes qu’il n’aurait pas commis, car trop nationaliste et dangereux pour les intérêts occidentaux en RDC… mais qui bénéficie ici d’un large soutien de la population).
Ca fait presque déjà 2 semaines qu’on annonce son arrivée, et que les gens « s’organisent », sans savoir la date exacte de sa venue ni le nombre de personnes qui l’accompagneront… Moi ça m’épate !
L’organisation consistant essentiellement à débroussailler « les grandes avenues » (les chemins) pour les rendre larges et praticables (travaux réalisés par tous les enfants en âge de tenir une machette, de 10 ans à 20 ans environ… au lieu d’aller en classe !!), et à chercher un hébergement digne de ce nom pour le Président et sa suite.
Se pose aussi évidemment la question de la nourriture : qui va payer pour nourrir tous ces gens (« tous ces bandits » disent certains), et pendant combien de temps ?
Les Commissaires de District (sortes de préfets locaux) ont déjà demandé à la population de contribuer (en espèce ou en nature : chèvres, manioc…) et c’est scandaleux, connaissant les conditions dans lesquelles les gens (sur)vivent. Des voix s’élèvent, mais je suis sûre que ça finira ainsi : tous veulent bien recevoir celui qui est leur Président (c’est un honneur et un devoir !), bien que celui-ci n’ait aucun égard pour eux depuis presque 3 ans qu’il est au pouvoir…
Manifester publiquement (en masse) son mécontentement ne fait partie des coutumes locales ; ils feront comme d’habitude : ils revêtiront leurs plus beaux habits, et fabriqueront à la dernière minute (malgré les 2 semaines d’organisation !) de beaux décors naturels, pour l’accueillir en grande pompe avec moult chants, danses et sourires… comme si tout allait bien !! Affaire à suivre…
Suite au prochain numéro. Je vous envoie des bisous pleins de chaleur !!
mardi 17 mars 2009
DE RETOUR A BASANKUSU !
LE FORMIDABLE ACCUEIL DES GENS ...
QUELQUES PERLES RELEVEES CA ET LA...
Mama Annaïg.
mardi 24 février 2009
Ah l'Afrique!!!
Et oui, je suis toujours dans le Finistère... Les forces me reviennent peu à peu, alors j'espère regagner bientôt la RDC: prochain départ annoncé, le 11 Mars!
A très bientôt!
Annaïg
dimanche 18 janvier 2009
PELE-MELE DES CHOSES VUES, VECUES, ENTENDUES... CES 2 DERNIERS MOIS...
Tout d'abord, à vous tous qui me lisez quand je veux bien écrire, je vous souhaite de tout mon coeur une belle année 2009: qu'elle voit les projets de chacun se réaliser dans la joie et l'harmonie...
INFO DE DERNIERE MINUTE...
Pour ceux que je n'ai pas pris le temps de prévenir, sachez que je vous écris de France: après 4 mois et demi d'investissement et de travail passionnant en Equateur, mon corps m'a dit "stop!" (grosse chute de tension et petits soucis de santé...), alors j'ai décidé de rentrer faire une pause pendant quelques semaines, histoire de reprendre des forces et de rassurer la famille ! Je pense repartir pour la RDC dès mi-février: ici il fait trop froid, le soleil et la chaleur (35-40°C) me manquent cruellement! Je suis quand même super contente de vous revoir: l'accueil chaleureux des proches, c'est sympa aussi...
DECEMBRE ET JANVIER EN EQUATEUR...
Durant ces 2 mois, mes relations avec la population locale se sont approfondies: j'ai été régulièrement invitée à des fêtes par certaines personnes avec qui j'ai sympathisé.
Je n'étais pas toujours très à l'aise au début, car ici curieusement, les protocoles sont omniprésents: en tant que "mundélée" (blanche), je ne pouvais pas me placer où je voulais, je me suis souvent retrouvée dans le carré des officiels, des personnes "importantes", ce qui me gênait beaucoup.
Et puis finalement, la spontanéité ne venait que tardivement, souvent en fin de soirée, après le respect des différentes étapes (discours, remise des cadeaux, apéritif, repas, photos, démonstrations d'expression corporelle...) et le départ des officiels , et une fois les invités réchauffés par l'alcool ...
J'ai alors mieux compris pourquoi les Africains avaient un déhanché à faire craquer tous ceux et celles qui les regardent danser, et ce dès le plus jeune âge: certes ils ont le rythme dans la peau (la musique, le chant et la danse font partie de leur vie quotidienne), mais ils ont aussi souvent beaucoup d'alcool dans le sang! Et je vous jure que depuis que je sais qu'on donne aux plus jeunes (dès 5-6 ans) de l'aguéné (eau de vie locale, comparable au lambig breton...) pour qu'ils fassent le spectacle, et bien je trouve leur déhanché beaucoup moins naturel et charmant!!
Imaginez quand ils vieillissent la suite qu'ils peuvent donnerà une soirée bien arrosée... On comprend mieux pourquoi les femmes sont toujours "grosses" (enceintes) et pourquoi les MST font des ravages...
On comprend mieux aussi pourquoi l'alcoolisme est si répandu ici, y compris chez les religieux, pourtant considérés comme des modèles de sainteté par une bonne partie de la population!
Le problème, c'est juste que consommer de l'alcool est considéré comme un loisir, un des principaux...
C'est un fait, l'alcool désinhibe, mais j'ai quand même vécu des moments de bonheur et de communion intense avec ces gens heureux de fêter le départ de leur proche, l'arrivée du petit Jésus (Noêl), le passage à la nouvelle année... Des moments de partage et d'émotions, de ceux qu'on n'oublie pas, de ceux qui nous rechargent en énergie positive...
Pendant ces 2 mois, j'ai également poursuivi mon exploration du Diocèse de Basankusu, en passant Noël dans la paroisse de Kodoro... A la rencontre des villageois et de leur réalité quotidienne...
Et côté travail, je suis à la fois chef du personnel, banquière, assistante sociale, éducatrice spécialisée, chef de chantier bâtiment et peinture, apprentie agricultrice, enseignante, bibliothécaire, fabricatrice de supports pédagogiques, animatrice, organisatrice de conférences, de jeux radio et d'événements sportifs, commerciale... C'est varié et passionnant, mais aussi usant, car je ne peux pas toujours faire confiance à mes travailleurs, parfois mal intentionnés... Sûrement ce qui m'a valu cette grosse fatigue... Mais je reste très motivée par ma mission, et attachée aux nouveaux liens que j'ai créés: les gens de Basankusu se montrent très présents à mon égard, je me sens très intégrée...
Voilà pour les dernières nouvelles...
A très bientôt pour de nouvelles anecdotes...
Mama Annaïg, alias Mama Nguba ( "Mama arachides", car toujours avec ses frères...), ou encore "Mama Cocoty" (car j'adore les noix de coco)!!