dimanche 29 mars 2009



ORDINATION DIACONALE DU DIMANCHE 22 MARS.

















Une grande messe pleine de joie, de ferveur et de couleurs… de 9h30 à 15h30 !
Messe suivie de plusieurs jours de fêtes protocolaires où je me rends plus par obligation (depuis mon retour je me rends compte que je fais désormais partie du « milieu » comme ils disent ici, et que je ne peux pas trop me permettre d’être absente à moins d’avoir une bonne raison !) que par goût : on vous place et vous attendez d’être servi. Vous vous retrouvez parfois à côté de quelqu’un que vous ne connaissez pas et qui n’a pas vraiment envie de causer… Bref, c’est pas très amusant ! Mais il paraît que c’est pas partout comme ça… tant mieux !



ETRE DIACRE…

« Abbé Philippe, ça fait quoi d’être diacre ?
Ben ça change tout, quelque chose est entré en moi et agit !
???????
Ben oui, maintenant comme Jésus, je peux chasser les démons de certaines personnes qui viennent me voir !!!
Ah ? tu es devenu féticheur ??
Mais non… !! »


PORTER LE PAGNE…





C’est comme être diacre, ça change tout !!
Congolais et congolaises m’ont exprimé leur joie (voire leur fierté) de me voir adopter la « couture » (mode) locale et ont bien sûr trouvé que la jupe choisie m’allait très bien… Expérience à renouveler donc… et vu le coût modique de l’opération, y’a pas à hésiter : 5 € le tissu et la façon !









UNE MUNDELE AU MATCH DE FOOT !

Après une danse au rythme des tambours devant près de 1500 personnes à la Cathédrale, en Décembre, j’ai vécu mon 2è baptême du feu en assistant vendredi à la fin d’un match de foot (l’équipe que le Centre Culturel soutient jouait et j’avais promis de venir faire un tour…), après être passée devant presque tous les supporters (en contournant le terrain) pour atteindre mon collègue congolais, en suivant un petit d’accord pour me guider dans la foule.
Que de regards braqués sur moi (quasiment que des hommes comme vous pouvez l’imaginer !). J’étais très intimidée… Je ne pensais pas que le terrain serait aussi grand et qu’il y aurait autant de monde, mais comme je suivais l’enfant, je ne pouvais plus faire demi-tour ! Grand moment de solitude : je ne me suis jamais sentie aussi blanche et aussi femelle… Je ne veux même pas savoir ce qu’ils ont pu penser…

Le pire c’est que je risque d’y retourner, mais accompagnée par un ami cette fois-ci… Je finirai bien par faire partie du décor !
En tous cas maintenant quand je croise des gamins, ils veulent tous me serrer la main… C’est comme si j’avais franchi un nouveau cap !


PANCARTE EDUCATIVE…

















Pour essayer de faire réfléchir les gens par rapport à leurs demandes intempestives (d’argent, de médicaments, de chaussures, de café, d’alcool…), j’ai osé mettre par écrit ce que je pense depuis déjà longtemps et affiché sur ma porte une petite phrase censée faire réfléchir. Ecrite en langue locale, elle dit ceci : « Au lieu de tendre les mains pour demander, c’est mieux de les utiliser pour travailler ! »
Ca fait réagir quand ils le lisent, ils trouvent ça « éducatif », mais ça ne les empêche pas de demander ! C’est toujours les autres et pas eux… c’est assez désoriantant pour moi, et franchement agaçant pour la bretonne que je suis (habituée à dire les choses avec une certaine franchise), cette attitude paradoxale, ce manque de lien apparent entre ce qu’ils disent penser et ce qu’ils font ; c’est comme s’ils ne livraient jamais vraiment le fond de leur pensée, comme s’il y avait un discours de façade (réservé à la sphère publique) et un discours plus intimiste qu’on réserve aux proches ou aux gens de confiance, aux « bouches autorisées ».
Ici quand une information (rumeur) circule, la première chose qu’on demande, c’est « qui t’as dit ça ? »… et si ça vient d’une « bouche autorisée », c’est-à-dire soit une personne haut placée dans la hiérarchie, soit une personne qui a depuis longtemps prouvé son sérieux et son honnêteté par ses actes et /ou son engagement, alors on accordera une certaine véracité au propos !


PAïENNE !


Je ne vais presque jamais à la messe, qui a lieu chaque matin, (moi j’essaie d’y aller tous les Dimanches, c’est déjà un bel effort !), donc je ne prie pas assez Dieu, donc je suis païenne ! Voilà ce que certains voient dans ma manière discrète de vivre mes croyances.
Quand je leur dis : « Mais vous savez, moi je ne suis pas obligée d’aller à la messe pour prier ! » Ils ne comprennent pas, car comme je le disais plus haut : il faut toujours montrer, se montrer…
Je ne perds plus mon temps à me justifier, je réagis seulement sur le moment quand on me réprimande (en leur rappelant que je suis adulte, responsable et vaccinée, et que je sais ce que j’ai à faire !), je souris (très important le sourire !) et je m’en vais… Je me suis fait une raison, et je pense sincèrement que peu d’entre eux sont capables de se détacher de leur culture pour comprendre mon point de vue d’occidentale : comment leur expliquer que je ne me retrouve « tout simplement » pas dans le discours (très moralisateur et culpabilisateur) et les orientations actuelles de l’Eglise (à mon sens davantage portée sur le passé que sur l’avenir, et obnubilée par l’importance des divers rites et sacrements), mais que ça ne m’empêche pas d’adopter une attitude chrétienne au quotidien ?
Bien que non acceptée dans ma différence, je me sens intégrée ! Mon but de toute façon n’est pas de devenir congolaise (y’aurait trop de travail !), mais plutôt d’essayer de comprendre un peu comment ils fonctionnent…



LE TRAVAIL AU CENTRE


Vous devez parfois vous dire en me lisant : « elle parle beaucoup de sa relation avec les gens, mais c’est quoi en fait son boulot là-bas ??? »
J’en parle peu, c’est vrai, car le plus gros de mon travail est d’ordre relationnel : il s’agit essentiellement de ménager les susceptibilités de chacun (hiérarchie, partenaires, travailleurs, bénéficiaires…), et de gérer les demandes intempestives ou les multiples tentatives de rénégociation d’affaires déjà entendues.
J’ai aussi une partie administrative de rédaction de courriers, de demandes de budgets, et de bilans financiers.
Et enfin, un rôle de représentation du Centre Culturel Diocésain dans un certain nombre de manifestations locales, en tant que « mundélé » et que « Directrice gestionnaire », comme certains aiment à me rappeler. Ce côté « public relation » n’est pas toujours évident à gérer, car peu habituée aux courbettes et aux chichis, je me sens parfois mal à l’aise ; j’essaie cependant de rester moi-même ! Et surtout, j’ai la constante impression de manquer de temps pour moi, même chez moi, je suis toujours dérangée… pas facile de souffler !!
L’autre raison pour laquelle je n’évoque pas souvent les activités du Centre, pourtant diverses et variées, est que celles-ci touchent assez peu de gens dans la réalité, comparé aux nombre d’habitants de Basankusu et du Diocèse !
Et puis malgré des activités établies (par exemple, accès gratuit à la bibliothèque d’Etsiko chaque mercredi après-midi), la fréquentation est très faible et chaque semaine est différente, car je ne vois presque jamais les mêmes personnes : ici c’est particulièrement difficile d’engager un travail dans la durée ; je m’y suis habituée et je m’adapte !
Le constat est le même pour les cours de Français (pourtant quasiment personnalisés !)et d’Anglais.
Concernant mes interventions dans plusieurs écoles de la ville, j’attends toujours le feu vert de mon chef, qui a toujours « beaucoup de chats à fouetter », et qui m’a laissé entendre que ça ne serait sans doute pas pour cette année scolaire, celle-ci prenant fin en Juillet (c’est-à-dire dans 4 mois quand même !). C’est pas grave, ça nous laissera plus de temps pour faire autre chose.
Au programme des prochains mois donc, une série d’animations pour l’ensemble de la population, avec :
-une conférence sur un sujet d’actualité (au hasard : « la crise financière mondiale et ses conséquences »), proposée par Papa Antoine, un monsieur engagé travaillant pour un projet de sécurité alimentaire à Basankusu, projet financé par Caritas Belgique…
-un jeu radio culturel, les 15 derniers jours d’Avril, qui opposera des jeunes inscrits dans différents collèges et lycées de la ville
-des événements sportifs, courant Mai, histoire de distraire et de mobiliser un peu les gens (courses de vélo, marathon, tournoi de foot…)
-la remise des diplômes pour les étudiants du 4è niveau en Anglais…
Et aussi bien sûr, la poursuite des travaux d’autosubsistance, avec l’entretien du champ d’ananas (500 pieds plantés, mais encore peu de fruits mûrs…) et la culture des « kundé » (flageolets locaux) tout près du Centre, ainsi que la réalisation de divers supports pédagogiques pour les écoles ( cartes de géographie, schémas de science, récapitulatifs de certains points de grammaire française…)



LA VISITE ANNONCEE DU PRESIDENT KABILA


Courant Avril, Basankusu se prépare par ailleurs à recevoir le Président actuel de la RDC, Joseph Kabila, qui se déplacera pour la première fois dans le fief de son opposant politique Jean-Pierre Bemba ( actuellement inquiété par la Cour Pénale Internationale pour des crimes qu’il n’aurait pas commis, car trop nationaliste et dangereux pour les intérêts occidentaux en RDC… mais qui bénéficie ici d’un large soutien de la population).
Ca fait presque déjà 2 semaines qu’on annonce son arrivée, et que les gens « s’organisent », sans savoir la date exacte de sa venue ni le nombre de personnes qui l’accompagneront… Moi ça m’épate !
L’organisation consistant essentiellement à débroussailler « les grandes avenues » (les chemins) pour les rendre larges et praticables (travaux réalisés par tous les enfants en âge de tenir une machette, de 10 ans à 20 ans environ… au lieu d’aller en classe !!), et à chercher un hébergement digne de ce nom pour le Président et sa suite.
Se pose aussi évidemment la question de la nourriture : qui va payer pour nourrir tous ces gens (« tous ces bandits » disent certains), et pendant combien de temps ?
Les Commissaires de District (sortes de préfets locaux) ont déjà demandé à la population de contribuer (en espèce ou en nature : chèvres, manioc…) et c’est scandaleux, connaissant les conditions dans lesquelles les gens (sur)vivent. Des voix s’élèvent, mais je suis sûre que ça finira ainsi : tous veulent bien recevoir celui qui est leur Président (c’est un honneur et un devoir !), bien que celui-ci n’ait aucun égard pour eux depuis presque 3 ans qu’il est au pouvoir…
Manifester publiquement (en masse) son mécontentement ne fait partie des coutumes locales ; ils feront comme d’habitude : ils revêtiront leurs plus beaux habits, et fabriqueront à la dernière minute (malgré les 2 semaines d’organisation !) de beaux décors naturels, pour l’accueillir en grande pompe avec moult chants, danses et sourires… comme si tout allait bien !! Affaire à suivre…


Suite au prochain numéro. Je vous envoie des bisous pleins de chaleur !!

2 commentaires:

karine a dit…

salut mama annaïg!
C'est un vrai plaisir de te lire! Merci de nous faire partager ta vie africaine. Je suis ravie de voir enfin les photos. Apparemment tu es vraiment bien accepté là-bas et c'est vraiment chouette pour toi comme pour eux. J'espère que tes soucis de santé sont bele et bien finis et que tu pètes la forme! Prends soin de toi.
Karine (de Combourg)

Anne-Cécile a dit…

Ouwa !! le président doit venir ? Pourquoi vient-il ? Les élections sont bientôt ?????
Nous ça nous fait deux fois en trois mois que l’on nous fait le cou de ‘l’ambassadeur tchèque, l’évêque et la chef de secteur doivent venir voir les chutes pour faire un barrage’ et nous les attendons toujours. Ce qui est bien, c’est grâce à ça les chemins sont très bien arrangé. Mais pour nous ça fait de la préparation pour rien.
Bonne continuation et courage.