mercredi 5 novembre 2008

UN PEU DE SERIEUX...

LA BONNE NOUVELLE DU JOUR

Un Noir à la Maison Blanche !!
Je suis contente : mon poulain a gagné les élections… Vive Obama, j’espère qu’il fera de grandes choses…

ACTUALITES : QUELQUES PRECISIONS SUR LA GUERRE DANS LE KIVU…

A vous tous qui me lisez, je tiens à vous rassurer : il paraît qu’en ce moment les médias français parlent beaucoup de la RDC, et plus particulièrement de la (énième) guerre qui sévit à l’Est, dans le Kivu.
Sachez tout d’abord que cette guerre, comme toutes les guerres, est éminemment politique et stratégique : en effet, le sous-sol de cette région est riche en pétrole et en minerais, et il s’agit pour les Occidentaux (les Américains plus précisément, mais aussi les Français) de ne pas perdre la main mise sur cette immense richesse, via des accords plus que douteux avec des chefs de guerre locaux, comme Kunda, dont vous avez sans doute entendu le nom… Et comme d’habitude, ce sont les civils qui trinquent : pour sauver leur vie, ils fuient massivement et se défendent comme ils peuvent avec leurs outils de travail quotidiens… Mais certains disent ici que c’est une guerre « contrôlée » et que maintenir une certaine instabilité dans la région permet de faire diversion : pendant que Kunda avance sur Goma, d’autres continuent d’extraire quantité de diamants, qu’ils font sortir de RDC par avion (un toutes les 30 minutes, paraît-il !), via le Rwanda, et sous surveillance militaire Bref, la plupart des diamants que l’on trouve en Europe viendraient de RDC…
Côté pratique, la RDC est vaste et pour conquérir le pays, il faudrait des années, vu l’état catastrophique des routes et la dangerosité des voies fluviales : entre les cours d’eau et la forêt dense, les obstacles sont nombreux…
Tout ça pour vous dire qu’où je me trouve, à l’Ouest, nous vivons et travaillons normalement, même si nous suivons avec attention l’évolution de la situation dans le Kivu, et même si la situation politique et sociale du pays demeure préoccupante. Les enfants commencent à reprendre le chemin de l’école, mais les enseignants ne sont toujours pas payés, et le gouvernement ne donne aucun signe de vie, trop occupé à choisir ses 37 nouveaux ministres…
Bref, tout va bien sous le soleil de Basankusu !!

COURBE DU MORAL

Depuis mon arrivée, ça alterne entre :
-moments de doute ( « qu’est-ce que je suis venue faire dans ce pays de fous ?!! ») et de nostalgie (vous me manquez !!),
-moments de révolte : quand les puissants écrasent les faibles d’une parole ou d’un regard ; quand les enfants viennent frapper à votre porte ou vous suivent sur les chemins pour vous demander « leur argent » ( !) ; quand les gens s’arrêtent en pleine rue pour vous détailler de haut en bas et commenter tout haut votre coiffure ou votre façon de vous habiller ; quand on vous insulte en langue locale au marché sous prétexte que vous ne comprenez pas… Bref, pas toujours facile de garder « la zen attitude »!!
Heureusement que pour contrebalancer ce négatif, il y a des moments de pur bonheur : quand toute une cathédrale chante et danse sa foi avec une ferveur propre aux pays du Sud ; quand le sourire illumine un visage ; quand la complicité naît avec l’Autre, si différent soit-il ; quand la nature nous offre sa beauté ; quand un plat comble nos papilles ; quand une musique entendue plaît à nos oreilles…

En résumé, ça se passe quand même plutôt bien : Juliette, François (un de mes collègues de travail, congolais ) et moi sommes sur la même longueur d’ondes, nous nous amusons beaucoup ensemble, et grâce à eux je me suis déjà fait un petit réseau relationnel, et plusieurs « locaux » sont devenus des proches…

REPORTAGE DU MOIS : MON TRAVAIL A BASANKUSU

Les principaux objectifs du CCDM (Centre Culturel Diocésain Mobokoli), dont je vais être la « directrice gestionnaire » pendant 2 ans, sont de :
-proposer des sessions de formation permanente aux enseignants du primaire et du secondaire, et ce sur différents sujets en lien avec leur travail
-proposer des activités culturelles et sportives, sous diverses formes et pour différents publics : pour sensibiliser, responsabiliser, éveiller, mais aussi mettre en valeur les compétences et savoir-faire locaux.

A partir du moment où nous suivons ces grandes lignes, tracées par le grand chef, ainsi que ses recommandations, la seule limite que nous avons est celle du budget et des moyens disponibles. Ca peut paraître simple, mais entre le moment où vous présenter un budget et le moment où vous disposer effectivement de l’argent pour mettre les choses en œuvre, il peut se passer 1 mois ! Dans l’intervalle, on fait quoi ??

Nos supports et nos modes d’intervention sont variés : depuis mon arrivée, j’ai suivi Juliette et ai participé à pas mal d’activités différentes, dont dans le désordre :
-animation de réunions avec des partenaires très différents (profs, autorités locales ou représentants administratifs, directeur d’une radio, religieux…)
-rédaction et présentation de projets
-gestion de budget et d’argent (des valises pleines de billets… sales… au sens propre comme au sens figuré !)
-conseil pédagogique (pour des cours de Français et d’Anglais)
-animation de jeux à la radio
-enregistrement de conférences auprès de différentes personnalités locales
-organisation d’événements sportifs
-travail en équipe
-gestion de bibliothèque
-décoration (peinture) de bâtiments
-création de supports éducatifs (pour intervenir dans les écoles)
-animation de jeux et d’activités éducatives auprès d’enfants
-formation en informatique pour des bénévoles qui nous aident dans certaines de nos activités…
Je ne me sens pas toujours à la hauteur, mais ici le niveau d’exigence est moindre : le peu qu’on fait paraît extraordinaire (sans exagérer) à beaucoup de gens.
Et surtout, on se sent immédiatement utile : notre regard ou notre soutien les valorise ; on sent que ce qu’on fait leur apporte directement quelque chose.
Dans ce type d’aide (exemple projet de réouverture d’un atelier bois existant avant la guerre, et plus particulièrement spécialisé dans la fabrication de tambours à réglages, ou réalisation de conférences sur des sujets locaux sensibles), la coopération prend réellement sens, un effort de compréhension existant de part et d’autre, au-delà des différences de langue et de culture (pratiques, comportements, modes de pensée…) : avec le temps, on s’apprivoise mutuellement, et une complicité finit par naître…

Pour l’instant, ce qui n’est pas évident, ce sont les relations avec la hiérarchie (très protocolaire et peu disponible quand présente) : j’ai encore beaucoup de mal avec leur manque total de franchise, et leur façon de noyer le poisson quand il s’agit de résoudre un problème, ou de retourner leur veste (autant de fois que nécessaire) pour ne pas perdre la face, surtout s’ils sont fautifs… Ils donnent l’impression d’éviter coûte que coûte le conflit… Leur devise, ça doit être « pas de vague ! » Pas de bol, ils ont fait venir une bretonne : il va forcément y avoir du remous !! Promis, je vous tiens au courant de l’évolution du climat !

TOUJOURS « A DREUZ »

Le Français revu et corrigé par notre sentinelle de nuit, régulièrement imprégnée de « aguéné » (eau de vie locale, que j’ai de nombreuses fois sentie, mais pas encore goûtée !) ou le phénomène Papa Jean (70 ans environ), « licencié en mauvais Français »…
Quand il a bu, « isolé volontaire », comme il se nomme lui-même, n’a pas sa langue dans sa poche, et aime parler Français à sa façon…
Voici quelques morceaux choisis :
- « nous allons ensemblement » : je vous raccompagne chez vous
- « essayez-moi » : demandez-moi, testez-moi
- « vous êtes mes directeuses », comprendre directrices
- « je suis le propriétaire de ma femme » : il a effectivement payé sa dot
- « je suis dans le vide aujourd’hui » : je n’ai rien à boire
- « donnez-moi un verre remplizé », un verre plein…
Charmant, non ? Et encore, vous ne l’avez pas vu danser, ni chanter, ni faire des bruitages (dignes du meilleur rappeur) en tapant sur son bidon… C’est qu’il a le rythme dans la peau notre Papa Jean !

PARTICULARITES LOCALES

Les mains congolaises, habituées à saisir des gamelles chaudes, sont insensibles à la chaleur et d’une remarquable agilité : imaginez-vous peler une tomate cerise avec une grande machette bien tranchante !

Les pieds congolais sont « tout-terrain », car en contact permanent avec le sol, que celui-ci soit poussiéreux, boueux, herbeux, boisé…

Les fesses congolaises sont plutôt bien dessinées (mais ça vous le savez déjà !), comme souvent chez les personnes d’origine africaine, mais elles sont aussi beaucoup moins « impatientes » que les nôtres, car habituées au contact dur du sol, de la pierre, du bois de la chaise, de la selle de vélo pas toujours très confortable…

LE SIGLE DU JOUR

Le SIDA, pour certains ça n’existe pas, c’est juste une « simple information pour décourager les amoureux »… Pas mal trouvé hein ? Sauf que ça existe vraiment !

DEVINETTE LOCALE

Une sentinelle arrive un matin affolée devant son patron : « Monsieur, cette nuit j’ai fait un rêve : il ne faut pas que vous preniez l’avion aujourd’hui, car il va s’écraser !!»
Le patron, après avoir entendu sa sentinelle lui détailler son futur accident, prend congé et décide de reporter son voyage aux jours suivants…
Le lendemain, la radio confirme le crash de l’avion que le patron devait prendre précisément (heure, lieu, compagnie…)
Peu après, le patron convoque sa sentinelle, lui remet les clefs d’une voiture flambant neuve, et lui dit : je t’offre ce cadeau pour te remercier de m’avoir sauvé la vie, mais sache qu’à partir d’aujourd’hui tu ne travailleras plus ici… »
En clair, il le renvoie. Pourquoi ????

Réponse dans le prochain article…

Tokomonana ! (A bientôt !)

Nanou de Basankusu.

4 commentaires:

Maï a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Maï a dit…
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Maï a dit…

Salut P'tit Lézard!
J'ai enfin retrouvé le nom de ton blog et je suis ravie d'avoir de tes nouvelles!Je vais pouvoir te lire régulièrement.
En te lisant, je me dis que je suis contente que ce soit toi qui soit partie en Afrique parce que je n'aurais sans doute pas tenu le coup.Certains aspects de la vie congolaise te semblent parfois difficiles à "supporter", alors imagine-moi!
J'espère que tu trouves, au moins en partie, ce que tu cherchais en partant là-bas. En tout cas, sois sage.
bises,
Maï

Annaig a dit…

Hé oui! un noir à la maison blanche, c'est un beau symbol, espérons qu'il tienne ses promesses...qu'en pensent les congolais ?
Tes chroniques sont trés chouettes, on reconnait bien là tes talents littéraires !
Prend soin de toi...
Ton homonyme